De la géométrie sur la plage

Un projet qui devient un classique à l’école de la Gentillerie ! Profitons longtemps encore de l’environnement naturel exceptionnel de nos élèves malouins pour faire de la géométrie et des arts visuels dans un méso espace !

Depuis toujours, la géométrie tient une place particulière dans mon enseignement : s’il est un domaine des mathématiques où tous les enfants peuvent, doivent, être en réussite, c’est bien celui-là ! Sans doute est-ce parce que tout au long du parcours primaire de nos élèves, l’attention est plus particulièrement portée sur la construction du nombre. La géométrie prendra toute sa place en milieu de collège et il n’est pas impossible que l’on s’autorise davantage à sortir des sentiers battus. Alors, nous l’avons photographiée, dessinée, peinte, dansée, triturée… Puis, dans cette école malouine que je dirige, est arrivé le grain de sable qui nous a fait descendre sur la plage.

Une nouvelle interrogation est venue du constat qu’aucun enfant du dispositif ULIS n’était en inclusion en géométrie. Leurs troubles des fonctions exécutives, la difficulté à se repérer dans l’espace et surtout, très souvent, le manque de tonicité au niveau de la main rendent ces inclusions peu probantes dès lors que l’on se lance dans des tracés avec des outils courants. Certains élèves de la classe ordinaire rencontraient les mêmes difficultés de tenue des outils de tracé, de décomposition des figures, d’occupation de l’espace feuille. Nous avons alors développé une co-intervention au profit de tous les élèves avec l’enseignante du dispositif ULIS. La vision des dessins des artistes de plage sur Saint-Malo a fait germer l’idée. Je me suis lancée dans des recherches sur le net et suis tombée rapidement sur quelques traces des travaux d’Erik Kermorvant, professeur de mathématiques à l’INSPE de Bretagne. Ainsi, avec des cordes, des bâtons, des râteaux et un morceau d’estran, on pouvait rendre la géométrie spectaculaire, inoubliable… et pas seulement !

Bien entendu, il s’agit d’un travail de longue haleine où l’on dépasse l’espace de la feuille et les sets de tracés. Affiches, cour de récréation, feuilles à nouveau, compas, ficelles, thamographes . Le fait de basculer dans un méso-espace et d’utiliser d’autres outils permet aux élèves de s’approprier, presque physiquement, des propriétés essentielles en géométrie. Que le cordeau se détende et l’équidistance au centre n’est plus assurée. Il nous faut chercher le milieu d’un segment, plions notre cordeau en deux. Les outils médiévaux comme la corde à 13 nœuds nous donneront des solutions pour former des angles droits. L’ombre portée du cordeau bien tendu entre deux bâtons nous donnera de jolies droites. Construire les quadrilatères à partir des propriétés des diagonales sera plus aisé à grande échelle.

Ce projet cette année autour de la rosace (près de 50 m d’envergure !) et du crop circle de Sarraltroff est le 3ᵉ réalisé sur le sillon à Saint-Malo. Avec une classe de CE2-CM1 la première année, nous avions déjà réalisé des tracés qui occupaient 20 à 30 m de plage : rosace, mandalas et même un tigre ! Une fois que les enfants ont bien compris que le centreur, le traceur et le tendeur(*) devaient être alignés, ils sont prêts à se rendre sur le sable ! Ce projet vous tente, mais vous n’êtes pas dans un environnement naturel d’exception comme ici ? Détrompez-vous ! Vous trouverez des dessins à grande échelle dans la neige, le blé, les rizières ou plus simplement… dans la cour ! Rendez-vous est déjà pris pour l’an prochain, possiblement en liaison CM2-6ᵉ. Nous allons l’étendre dans un partenariat européen via etwinning.

Maryline Perron, enseignante en CM1-CM2

 

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